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In the world of Liacar

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Prologue

1870 1 0

Jadis, le continent d’Argana était peuplé de mortels forgés par le Chaos : les humains. L’anarchie faisait abondamment couler du sang sur les terres vierges de Haevar, et les cadavres sillonnaient les chemins qui ralliaient chaque camp humain.

Seimekos, un homme au cœur pur, qui avait dédié toute sa vie aux Dieux, implora les Cieux en quête d’ordre et de paix. Les Dragons ancestraux, créatures divines et protectrices du monde de Liacar, entendirent l’appel de l’homme, et l’un d’entre eux, Lyneris, qui incarnait la douceur maternelle des dragons, vint à sa rencontre. Elle lui offrit un enfant, un demi-dragon nommé Yranarr, dont Seimekos en assuma la responsabilité en veillant sur son bien-être ainsi que son éducation.

 

Plus tard, le petit Yranarr devint un puissant guerrier aux pouvoirs extraordinaires, qui impressionnèrent les dragons ancestraux. Ces derniers, avec l’appui de sa mère, Lyneris, ainsi que de la matriarche, Qioyna, bénirent le jeune guerrier, voyant en lui une âme salvatrice, et lui permirent d’acquérir une puissance encore plus écrasante. Ils lui choisirent également une femme qu’il devait épouser afin de faire prospérer une lignée redoutable. Cette femme se prénommait Naemaris, et était une prophétesse reconnue pour ses pouvoirs tout aussi impressionnants octroyés par les dragons ancestraux.

Yranarr et Naemaris se promirent amour et fidélité, et eurent ensemble trois enfants : une fille, l’ainée, qui se nommait Nelaria, et deux garçons, Vanarion et Talarys. Beaucoup d’humains virent en Yranarr et ses deux garçons l’espoir d’un meilleur avenir pour les terres d’Argana et vouèrent un culte à leur égard. Quant à Nelaria, elle ne fut pas acceptée, elle qui était une fille : les humains percevaient la femme comme étant le fruit originel de tout chaos.

 

Tandis qu’Yranarr prononça le nom d’Arthenis pour désigner sa lignée, et choisit Vanarion comme digne héritier du nouveau trône du Royaume de Thoradhor, Nelaria éprouva un profond sentiment d’injustice. Elle s’isola et refusa tout contact avec sa famille, même avec sa mère qui essayait désespérément d’apaiser sa fille.

Le seul qui parvint à l’approcher fut Talarys, son petit-frère, qui tenta d’adoucir les remords de sa sœur pour la réintégrer au sein de la famille. Nelaria éprouva une profonde affection à l’égard de son petit-frère, et finit par accepter de revenir vers sa famille après plusieurs mois de désaccord.

Mais lorsqu’elle retourna auprès de ses parents, une terrible nouvelle accabla la jeune femme : Yranarr, qui avait développé une obsession quant au fait de préserver la pureté de sa lignée, avait organisé un mariage forcé entre sa fille, Nelaria, et son fils, Vanarion.

Nelaria, folle de rage, s’en prit à son père en l’injuriant de tous les noms. Yranarr l’enchaîna et l’enferma dans sa chambre, où elle ne put en sortir : ses seules visites étaient celles des domestiques pour lui servir à manger et faire sa toilette.

 

Alors que la jeune femme s’assombrit davantage, dévorée par une colère grandissante ainsi que de désirs obscurs de plus en plus récurrents, Vanarion vint la rendre visite pour tenter de la raisonner. Mais Nelaria ne l’écouta pas et l’invectiva en le menaçant de le frapper, car il représentait pour elle tout son malheur, toute l’injustice qui pesait sur ses épaules. Vanarion maîtrisa sa sœur sans trop de mal et força à l’embrasser avant d’abuser d’elle.

La nuit qui suivit l’infraction, Nelaria sanglota sans cesse, se sentant démunie face à sa propre famille. Elle décida de s’évader en passant par la fenêtre de sa chambre et se blessa grièvement à la cheville en tombant. Malgré la douleur qui pulsait dans toute sa jambe, Nelaria ne se découragea pas et prit la fuite pour se réfugier dans un temple isolé au creux d’une forêt.

Là-bas, elle fit la rencontre d’un prêtre aussi blafard qu’un cadavre, les yeux perlés d’une lueur verdâtre et inquiétante, le visage encadré de longs cheveux noir corbeau. La jeune femme fut tout d’abord effrayée par le charme obscur du religieux avant d’en être rapidement fascinée, comme si quelque chose en lui l’attirait : pas son physique, ni sa beauté, mais une énergie qui l’appelait.

Le prêtre prit soin de Nelaria en tentant de soigner sa cheville et l’accueillit chez lui, au sein de sa demeure située à quelques pas du temple. Là-bas, elle fit sa connaissance et découvrit qui il était : Maedorh, un prêtre dévoué à un Dieu maléfique et obscur lié à la Mort. Malgré ce qu’il représentait, il n’inspirait aucun danger pour Nelaria, qui s’attacha à lui.

 

Au fil du temps, la jeune femme s’intéressa à la magie du religieux, qui lui fit découvrir son Dieu ainsi que ses dogmes. Nelaria, très fortement intéressée par cette divinité, et voyant en lui un moyen de se venger contre sa famille, s’engagea à devenir une de ses disciples.

Maedorh l’invita alors à rejoindre le temple où il forma un rituel autour de Nelaria pour célébrer son entrée au sein de la Mort. La jeune femme suivit le cérémonial avec beaucoup d’assiduité, sans aucune hésitation ni regret, jusqu’au moment où une terrible douleur fit trembler tout son corps jusqu’à l’âme.

Elle sentit comme une brise glacée l’éprendre, sa chair se geler jusqu’à l’os, ses veines se figer, son cœur battre de plus en plus lentement, et s’évanouit, à bout de force, en expirant un dernier souffle.

Lorsqu’elle se réveilla, elle découvrit que ses écailles blanches et argentées étaient devenues noires, ses cheveux, d’une beauté cristalline, s’étaient teintés d’obscurité, et ses yeux, luisant habituellement d’une beauté scintillante qui rappelait les Cieux, rayonnaient d’une lueur aussi verdâtre et inquiétante que ceux du prêtre.

Elle sentit une force redoutable en elle, une force divine et supérieure qui fit d’elle une nouvelle guerrière de la Mort.

 

Quelques jours à peine après sa transformation, les soldats acculèrent la maison de Maedorh. Yranarr ainsi que Vanarion pénétrèrent les lieux et découvrirent Nelaria. Ils se figèrent, ahuris par la transformation de cette dernière, qui fit vibrer dans ses mains la magie impie qui l’imprégnait désormais.

Vanarion, valeureux guerrier et fierté des Arthenis, s’interposa entre son père et sa sœur en brandissant son épée et chargea vers Nelaria pour tenter d’asséner un coup violent sur elle. Il fut cependant arrêté par une asphyxie qui le poussa à s’écrouler sur le sol. Yranarr riposta aussitôt en envoyant une onde puissante de Lumière vers sa fille, qui fut sévèrement touchée par cette attaque.

Maedorh intervint en défendant Nelaria comme il le put, mais face à la puissance d’Yranarr, il ne tint pas longtemps avant d’être grièvement blessé par ce dernier. Il fut enfermé, condamné à mort pour manipulation de magie impie ainsi que pour s’en être pris au Roi. Nelaria, quant à elle, fut également prise prisonnière, séquestrée dans un cachot vétuste.

Talarys rendit discrètement visite à sa sœur pour la nourrir et prendre soin d’elle. Il tenta tant bien que mal de trouver une solution pour la sauver, mais Nelaria était plus réaliste que son frère : il n’y avait aucun espoir face à leur père, qui était bien plus puissant qu’eux deux réunis.

 

Alors, Talarys, qui éprouvait un sentiment de rancune à l’égard de son père, fit en sorte de protéger sa sœur contre toute menace de mort. Entre-temps, Nelaria tomba enceinte de lui, et Talarys fit en sorte que sa sœur puisse se ressourcer convenablement afin qu’elle ne souffre pas de sa grossesse.

L’enfant de Talarys et Nelaria provoqua un déluge au sein de la famille : plusieurs débats houleux opposèrent Yranarr et Naemaris, qui veillait quant au bien-être de ses enfants. Vanarion, quant à lui, complotait pour assassiner son frère qu’il accusait de traîtrise.

Talarys comprit rapidement que sa vie ainsi que celle de Nelaria étaient menacées. A la naissance de son fils, il tenta de trouver un moyen de s’enfuir du château. Naemaris tenta de les aider, mais elle fut surprise par Yranarr, qui la ligota et l’enferma à son tour, puis renforça la sécurité du palais.

Nelaria finit par admettre qu’il n’y avait plus aucun espoir : elle était condamnée à croupir dans sa prison, et supplia son frère de prendre la fuite avec leur enfant. Talarys, pris d’un immense chagrin, donna quelques derniers gestes de tendresse à sa sœur avant de déguerpir avec son fils.

 

 

Par la suite, Yranarr força sa femme à lui donner un nouvel enfant, une fille, prénommait Maehna, qui fut contrainte d’épouser son grand-frère, Vanarion, alors qu’elle n’avait que douze ans. Elle lui offrit un enfant qui signa la continuité de la lignée des Arthenis.

Nelaria, quant à elle, survit de manière étrange à la famine et à la soif. Elle disparut par la suite de façon mystérieuse, et ce du jour au lendemain, ne laissant aucune trace derrière elle….

 

« Notre Dieu nous écoute. Nous observe. Nous bénis. Il est le fruit de notre sombre aurore et la raison de notre existence… »

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